la vie de château…
Une soirée en famille, au château de Saint I., 1880 (?)
Je continue avec ma noble famille…
J'adore cette scène. La paix du foyer sous le regard éclairé de l'ancêtre, le marquis Aciscle de La Tour, accroché au mur. Les photos d'intérieur sont plutôt rares et cette photo évidemment posée est un trésor. On peut repérer une foule de détails : le tapis épais, la lampe à pétrole, le clairon sur la cheminée, le mur de gauche peint en trompe l'œil mais aussi les chignons, les robes et une ambiance à tout casser. Dès le premier coup d'œil, des évidences sur l'égalité des sexes s'imposent. Ces messieurs, debout, lisent le Figaro avec leurs moustaches. Ils sont bien au-dessus… au-dessus des 6 femmes, toutes assises, qui font des travaux d'aiguilles pour la paroisse ou du piano. Une intellectuelle se distingue à droite qui lit un gros pavé mystérieux.
L'homme (c'est mon arrière-arrière-grand-père!) commente à haute voix les articles, il donne son avis, blague. On imagine aisément une voix grave, sonore, satisfaite. Ailleurs, le silence. Même les jumelles pianistes jouent en sourdine pour ne pas gêner l'essor de la pensée masculine. On croit comprendre au passage que le fait de jouer du piano autorise la femme à s'aérer les pieds. On en arrive à la conclusion que la politique n'intéresse en rien la gent féminine (qui n'a d'ailleurs pas le droit de vote). Les femmes sont bien au chaud dans le culte et la foi qui rythment leur chaste existence. Impression confirmée quand on déchiffre enfin le titre du gros volume : Jésus Christ.